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Un ch'ti en Terre Adélie !
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8 janvier 2011

Une semaine sur l'Astrolabe

 

Petit retour en arrière : reprenons le fil du voyage qui m'a amené à DDU là où je l'avais laissé : à Hong Kong.

Mercredi 8 décembre 2010, 17h30, Hobart - C'est l'heure du rendez-vous. Chacun a vaqué à ses occupations toute la journée, soit à Hobart, soit un peu plus loin en Tasmanie. Tout le monde est maintenant de retour sur l'Astrolabe : le chargement n'est pas encore tout à fait fini mais il faut embarquer car nous mangeons à bord, et la police aux frontières australienne doit tamponner nos passeports afin que nous puissions quitter le territoire australien en règle. Nous voilà maintenant coincés entre deux mondes, sur un bateau à quai.

 

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Jeudi 9 décembre 2010, 05h30, Port de Hobart - Le chargement a encore duré une bonne partie de la nuit, mais au réveil, le quai est presque vide des conteneurs qui l'encombraient encore la veille. Le bateau est complètement rempli, quelques conteneurs ont même été arrimés sur le pont hélicoptère. Le départ est prévu à 6h. Les matelots s'affairent à préparer le bateau pour la mise en route, puis le bateau s'écarte enfin du quai et la corne de brume retentit. L'Astrolabe prend son cap et fait machine avant toutes. Derniers regards vers la "civilisation", la verdure. Le voyage est maintenant commencé pour de bon...pas si sûr. La rade d'Hobart est grande, nous avons donc le temps de descendre prendre un petit déjeuner avant d'en sortir. De retour sur le pont, surprise, le bateau n'est plus dans la même direction. Il tourne en rond ! En fait, il s'agit de réaliser des tests de vibration avant d'entamer le voyage. Il va donc falloir patienter un peu avant de voir les derniers bouts de terre et d'affronter la haute mer. Finalement, les ronds dans l'eau se terminent vers midi. 

 

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Jeudi 9 décembre 2010, 16h30, au large de la Tasmanie - Voilà maintenant quelques heures que la terre a complètement disparu. Le bateau a commencé ses mouvements de balanciers pour l'instant assez amusants. Il faut jouer des genoux pour compenser le roulis et le léger tangage. Maintenant que nous avons atteint la haute mer, divers volatiles nous ont rejoint, suivant le sillage du bateau et surfant à quelques centimètres au-dessus des vagues : des alabatros principalement. Cet animal évolue avec souplesse et élégance dans l'air, grâce à son envergure importante. Par contre, une fois dans l'eau, le décollage peut s'avérer un peu plus pataud, mais deux ou trois battements d'ailes lui suffisent généralement à pouvoir s'envoler.

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Vendredi 10 décembre 2010, 10h30, sur le pont du bateau - Le pont est un endroit qui m'est apparu rapidement comme le moins désagréable du bateau en mer. Bien au centre, le roulis y semble beaucoup moins désagréable, et en plus c'est au grand air, avec la vue...sur l'eau, et encore quelques oiseaux. Petit panoramique depuis cette position. Vers l'arrière, le pont hélicoptère ; une partie de la grue et les embarcations de secours masquent un peu la vue, mais au-delà, on aperçoit le sillage du bateau par intermittence au grès du tangage. Pas mal d'oiseaux suivent, car le passage du bateau peut faire remonter quelques poissons. Les albatros passent parfois juste au dessus de ma tête. Sur les côtés, de l'eau, du ciel, de l'eau, du ciel... : ça gîte ! Vers l'avant, c'est moins intéressant, déjà par l'odeur car les ouvertures de refroidissement des moteurs dégagent une odeur désagréable, mais aussi parce que la passerelle (salle de pilotage) se trouve juste devant. Passons donc sur les côtés pour se rendre devant la passerelle, à la proue du navire. L'endroit n'est pas mal non plus : on pourrait y passer des heures à regarder les vagues, comme devant un feu de cheminée. Là aussi, des oiseaux passent et repassent, jouent avec le bateau, puis s'éloignent. Devant, de l'eau à perte de vue, et des vagues. On essaie d'anticiper le mouvement du bateau en fonction de la direction de la vague : une technique pas très efficace.

 

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Samedi 11 décembre 2010, 12h30, dans le carré passager - Le tangage est plus intense aujourd'hui. La sensation est beaucoup plus désagréable qu'avec le roulis (qui n'a pas disparu pour autant). Cette impression d'avoir l'estomac qui monte et descend dans la poitrine oblige à une grande concentration pour manger. Personnellement, j'avale tout ce que je peux le plus vite possible et je traverse les coursives étroites, balloté d'un côté à l'autre, pour rejoindre le pont où le balancement se fait beaucoup moins sentir, permettant une digestion plus sereine. A la faveur d'un ciel ensoleillé, je m'autorise une petite sieste allongé sur le pont.

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Dimanche 12 décembre 2010, 18h10, dans mon lit - Je rentre tout juste du repas, commencé à 18h00 (ici, on ne rigole pas avec les horaires). Je n'ai décidément pas le pied marin et je n'ai jamais eu aussi peu envie d'aller manger. Déjà le fait de descendre du lit et rejoindre la salle à manger à 5 mètres de ma cabine était une épreuve difficile. Le tangage a vraiment été insupportable toute la journée, et encore, il paraît que c'est calme ! Dehors, il fait froid et il pleut, le meilleur endroit sur le bateau est donc maintenant mon lit. J'ai fais deux apparitions éclairs à la cuisine, et une sur la passerelle très rapidement écourtée... L'impression la moins désagréable est donc celle-ci : être allongé sur un matelas, tantôt plaqué contre lui, tantôt "en apesanteur" au-dessus. En résumé rien de bien intéressant aujourd'hui, mais au passage, puisque nous y sommes, une brève description de la cabine : une espace étroit au milieu où les bagages sont rangés au mieux, des casiers avec des crochets aux portes, puis les lits superposés sans barrière mais avec de beaux rideaux qui balancent avec le roulis. Au fond, un hublot. La plupart des passagers ont une cabine qui donne sur la mer. Moi, elle est au centre du bateau, donc j'ai vue sur une cloison !

 

Lundi 13 décembre 2010, 18h30, dans... la salle à manger ! - Je revis, le tangage s'est calmé, rien à voir avec la veille. Je suis d'ailleurs toujours dans la salle à manger une demi-heure après le début du repas. J'ai tout mangé, et j'ai même encore faim. Il y a bien toujours ce bon vieux roulis, qui fait balancer l'eau dans le verre, fait bouger quelques chaises, mais c'est beaucoup plus supportable. La salle à manger : encore un espace étroit (difficile de trouver des grand espaces sur un bateau...) où nous mangeons en deux services (une cinquantaine de passagers à bords). Les premiers arrivés ont le droit aux banquettes, les autres aux chaises qui grincent. Celles-ci sont munies d'un crochet permettant de les arrimer au sol, histoire de ne pas changer involontairement de voisins de table en cours de repas.

 

Lundi 13 décembre 2010, 20h00, sur la passerelle - Chose rare sur un bateau, nous avons le droit d'y accéder, à condition de rester discret pour ne pas gêner le travail de l'officier de quart. A l'avant, le tableau de bord du bateau, avec plein de boutons, de petites lumières, des écrans radars, le bon vieux gouvernail (qui ne sert plus qu'en secours, maintenant, c'est moderne, tout se fait de manière électronique). Les grandes fenêtres permettent d'avoir une bonne vue à 180°. A l'arrière, le bureau de travail, avec notamment de grandes cartes marines permettant de reporter la position du bateau. Objet insolite : un fil à plomb gradué pour se rendre compte du degré de gîte du bateau. Je l'ai vu passer devant 30°. Il est déjà arrivé que le roulis sur l'Astrolabe passe les 45°, soit un battement total de 90° ! De quoi marcher sur les plinthes… Mais 30°, c'est déjà largement suffisamment pour moi. Je connaissais les cinémas dynamiques mais par encore la douche sur verrin… Bref, retournons à la passerelle, il est donc 20h. Tout le monde sait que le pack (banquise disloquée) n'est plus très loin. Il doit arriver dans la nuit, mais qui sait, les cartes satellites ne sont pas si précises que ça. Les passagers sur la passerelle guettent, au moins pour tuer le temps. Ca discute ici où là, et soudain "là-bas". Effectivement, il y a une petite masse blanche qui apparaît et disparaît derrière les vagues. Au fur à mesure que l'on s'approche, on le distingue de mieux en mieux et on passe finalement à une centaine de mètres de lui. Un petit bout de glace, qui flotte tout seul au milieu de la mer. Bon, je sais, vu de métropole, devant son écran d'ordinateur, ça doit paraître stupide de s'émerveiller devant un morceau de glace, mais depuis 4 jours, le seul paysage qui s'offre à nous est de l'eau à perte de vue, alors un petit changement, ça fait du bien. Manifestement, ce morceau de glace semble être un forçat évadé, car à part lui, l'horizon est toujours liquide…

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Mardi 14 décembre 2010, un peu partout sur l'Astrolabe - L'émerveillement de la veille devant ce ridicule bout de glace n'était qu'une entrée en matière bien dérisoire en comparaison du paysage qui a défilé à bâbord et tribord en cette dernière journée de traversée, bien ensoleillée. La densité de glace a varié toute la journée. Au réveil, la pack était principalement formé de cubes de glace assez petits, disons de 1 à 10 mètres de longueur. Nous sommes ensuite passés dans une zone plus dégagée. Il s'agissait pour le capitaine de trouver une route la plus dégagée possible, car l'Astrolabe n'a pas suffisamment de puissance pour briser une banquise trop épaisse. Le bateau a donc longé le pack une bonne partie de la journée, dans un axe Nord-Est Sud-Ouest pour trouver un passage plus clairsemé dans le pack. Pleins d'icebergs ont donc défilé, des petits, des gros, des très gros (quelques centaines de mètres de long et pas mal de haut), des formes insolites, certaines plaques de banquise à la dérive avec des manchots ou des phoques qui faisaient la sieste et déguerpissait sous l'eau en voyant arriver celui que j'ai surnommé le "grand yéti rouge". Le summum de la journée fût d'apercevoir une baleine. C'est évidemment dans ces grands moments que la technique fait défaut, en l'occurrence, une carte mémoire d'appareil photo pleine. Je n'ai pu prendre qu'une photo du souffle de la bête. A ce moment là, je causais sur le pont quand j'ai aperçu d'étrange remous à tribord et en effet, une baleine croisait en sens inverse. Il est assez difficile de décrire ce paysage par des mots, je laisse donc la place à quelques photos.

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La suite, vous la connaissez (voir "Premier jour d'une longue histoire"). Je rajoute juste quelques photos de ces icebergs fantomatiques, la tête noyée dans les nuages dont j'avais parlé précédemment. 

 

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